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Posts Tagged ‘Sidon’

(résumé de voyage rédigé une décennie après le déplacement)

Ce sont ma grand-mère et ma tante qui m’ont offert de les accompagner lors de leur voyage annuel au Liban, où elles aid(ai)ent à l’éducation des enfants d’une famille défavorisée. Une semaine à l’étranger, pour un premier voyage en terre d’Islam mais aussi, et surtout à mes yeux, une terre de la plus haute antiquité.

Des cultures néolithiques à la conquête arabe et aux Croisades s’étaient succédés en ces lieux une foule de civilisations qui toutes avaient laissé leurs marques : les grandes cités indépendantes de l’ère néolithique, l’occupation plus ou moins marquée des dynasties égyptiennes, l’ère phénicienne et celle des Perses, l’univers d’Alexandre le Grand et celui de Rome, une multitude de cultures qui avaient laissé qui un monument, qui une statuette pieusement conservée dans un musée ou encore modifié le territoire de façon irrémédiable, à l’image du conquérant macédonien qui n’avait pas hésité à relier l’îlot de Tyr au continent afin de pouvoir donner assaut à la cité qui lui résistait…

C’est donc pour cette destination que je partis de Bruxelles, atterrissant après quelques heures et une escale à l’aéroport de Beyrouth où le père de la famille nous attendait pour nous conduire à notre hôtel. La première journée fut consacrée à la visite de Beyrouth même, notamment son musée, et à la mise en place du planning de la semaine. Nos hôtes tenaient en effet absolument à ce que nous nous rendions auprès d’autres membres de leur famille, habitants de villages de l’arrière pays comme Deir El Qamar, à côté de Beiteddine. Mais nous souhaitions également visiter les grands sites du pays comme Byblos et Baalbeck, cités abritant de prestigieux vestiges dont nous reparlerons dans un instant.

A Beyrouth nous avons surtout visité le centre ville, à commencer par le quartier immédiatement à côté de notre hôtel puis celui du parlement, au pied duquel se trouvent les vestiges d’un complexe thermal romain, trace de l’antique Berylus, ville réputée pour ses juristes et une des seules cités d’orient à avoir le latin pour langue principale, ayant été re-fondée par un groupe de vétérans des légions ayant reçu son territoire en remerciement pour leurs services.

Le musée archéologique, avec sa façade égyptisante, contient de nombreuses pièces intéressantes remontant à diverses époques et ne constituant qu’une fraction de ce qui fut découvert dans le pays. Les statuettes de bronze et d’or de l’âge du bronze sont sans doute parmi les pièces les plus intéressantes du musée, et côtoient du matériel tant égyptien que grec ou romain. Les travaux de rénovation de l’édifice n’étaient cependant pas entièrement achevés au moment de cette visite, le bâtiment connaissant une activité de rénovation frénétique qui se retrouvait dans toute la ville, en plein développement économique depuis la deuxième moitié des années 90, un élan que la guerre de 2006 vint brièvement interrompre mais dont on me dit qu’il reprit ensuite de plus belle.

La ville connait en effet de nombreux projets immobiliers qui se traduisent par un centre tout neuf composé de larges avenues bordées de colonnades et d’immeubles malheureusement hors de portée économique de la majorité de la population. Sur les collines, des HLM s’entassent sur des pentes escarpées dont le betonnement laisse craindre d’éventuelles inondations tandis que dans la baie un îlot me fut désigné par nos hôtes et présenté comme le fruit du déversement en pleine mer de tonnes de déchets.

Durant le reste de notre séjour nous avons fait 3 excursions organisées vers le nord et le sud du pays : l’une fut consacrée à Baalbeck et Anjar, sites du nord de la vallées de la Bekaa : Anjar, à quelques kilomètres de la frontière syrienne, ville omeyade habitée quelques décennies seulement avant de tomber dans l’oubli jusqu’au milieu du vingtième siècle. Si la reconstitution de certains monuments apparait comme fantaisiste, on apprécie toutefois le pittoresque et le calme du site.

Autrement plus impressionnant est Baalbeck, ville d’origine extrêmement ancienne et site d’une série de temples romains aux dimensions exceptionnelles. Dédiés à Vénus, Bacchus et Jupiter, ces édifices comptent parmi les plus grands de l’Empire et font partie d’un complexe monumental comprenant des cours bordées de colonnes et des autels majestueux. La taille de l’ensemble est proprement stupéfiante et même si l’ensemble des vestiges ne fut pas visitée (visite organisée oblige…), le peu que j’eus alors l’occasion de voir me laissa un souvenir marquant.

Nous eûmes beaucoup de chance de visiter le site ce jour là car le lendemain était jour de fête pour les musulmans chiites et le Hezbollah bloqua l’accès au site. Pour notre part nous étions dans le grand sud, à hauteur de Tyr, lieu où la puissance du mouvement religieux et terroriste est aussi importante mais où ils n’avaient pas bloqué les accès… Sur place, sous un ciel menaçant aux nuages jouant magnifiquement avec la lumière, nous découvrirent le site de l’ancien agora, ses belles colonnes s’élançant vers la mer de façon poétique, tandis qu’un peu plus loin nous traversions une antique nécropole avant d’arriver à l’ancien cirque partiellement préservé.

De là nous primes la route de Sidon, nous arrêtant en chemin au sanctuaire d’Eshmoun, site témoin de pratiques religieuses depuis le premier quart du premier millénaire avant notre ère jusqu’à l’époque byzantine où nous avons pu observer des bas reliefs phéniciens côtoyant les restes des mosaïques d’une basilique chrétienne.

A Sidon nous découvrirons une ville typique de l’orient fantasmé, avec ses petites rues étroites et escarpées, ses bazars aux milles odeurs, ses artisans au travail sur le porche de leurs ateliers… Savon, épices, métaux plus ou moins précieux sont offerts aux passants tandis qu’au bas de la ville le port est gardé par le vieux château croisé au rez-de-chaussée partiellement inondé par les vagues de la Méditerranée.

Troisième journée de visite organisée, le passage à Byblos, ville plurimillénaire, sans doute une des plus anciennes de la planète a avoir été continuellement habitée. Au pied de son château médiéval s’étendent les vestiges laissés par toutes les civilisations s’étant succédées sur son site. Les colonnes d’un petit odéon greco-romain sont perchées sur les vestiges de murs de l’âge du bronze, les pierres ayant vu passer les pharaons côtoient celles ayant admiré le passage des légions. Là encore les choix des guides firent que nous n’avons pu tout voir, malheureusement, mais ce qui fut vu donna l’envie d’y retourner un jour.

Ce jour nous vit aussi passer par Tripoli, autre ville de la côte nord, beaucoup moins intéressante mais qui contribua à donner un regard plus complet sur le pays en nous faisant traverser d’autres régions.

Le dernier jour du séjour fut consacré à la famille aidée par mes proches, et ils nous conduisirent d’abord à Beiteddine, site d’un palais du dix-neuvième siècle orné de mosaïques dont certaines remontent à la période romaine, un complexe servant de palais d’été au président libanais mais ouvert aux visiteurs le reste de l’année. Sortant de là, nous nous rendimes à Deir el Qamar, petit village tout proche où vivait une vieille tante de nos hôtes, femme âgée et attaquée par la gangrène, vivant dans les ruines insalubres d’un autre palais ottoman divisé en petits appartements par une population chrétienne ayant cruellement souffert durant la guerre civile. Pourtant, malgré leur dénuement, ces gens nous firent un excellent accueil.

Voilà en quelques lignes le résumé de cette semaine de voyage au Liban, cadeau offert à l’occasion de mes dix-huit ans, souvenir de terminale plus marquant que tout autre de cette année là…

Pratique

Type : Voyage privé avec phases confiées à des tour-operators

Durée : Une semaine

Logement : Hôtel à Beyrouth

Transport : Avion, autocar, taxi, voiture privée

Les photos

Toutes les photos du voyage

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